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L'empire du moindre mal : Essai sur la civilisation libérale, by Jean-Claude Michéa
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Détails sur le produit
Poche: 205 pages
Editeur : Flammarion (10 mars 2010)
Collection : Champs Essais
Langue : Français
ISBN-10: 2081220431
ISBN-13: 978-2081220430
Dimensions du produit:
18 x 1,1 x 11 cm
Moyenne des commentaires client :
4.2 étoiles sur 5
24 commentaires client
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Il m'est assez étrange de faire l'éloge d'un essai qu'on pourrait qualifier d'anti-libéral, car je me considère moi-même comme étant libéral, pourtant je peux difficilement faire autrement devant ce livre dense et pourtant toujours clair, jamais jargonnant, et étayé solidement par de nombreuses références. Le nom de Jean-Claude Michéa revient souvent dans la revue "Causeur" que je dévore chaque mois (autre paradoxe pour un soi-disant libéral...) et j'ai décidé d'aborder cet auteur par cet essai qui se situe à mi-parcours dans sa bibliographie.La thèse centrale de cet essai est que le délitement actuel du monde occidental tient à l'accomplissement et à la domination du libéralisme dans presque tous les pays "modernes", et surtout qu'il n'est pas nécessaire de parler d'ultralibéralisme à ce propos, car le ver serait dans le fruit depuis le tout début de l'émergence de ce courant de pensée au 17ème siècle. Autrement dit, les destructions massives des liens sociaux, religieux, le déclassement économique et identitaire d'une bonne partie de la population, seraient les conséquences inéluctables de l'idéologie libérale pleinement mise en pratique, ce que l'effondrement du bloc soviétique a rendu possible il y a une trentaine d'années. Et dans cet accomplissement de la pensée libérale en actes, l'affrontement entre droite et gauche est complètement artificiel et mensonger, la gauche de gouvernement étant certainement, de par sa persistance à défendre la notion de "progrès" et de "modernité", la plus coupable aux yeux de Michéa, car étant celle qui tient un discours moral là où la droite est plutôt discrète sur le sujet.Si je partage presque toutes les analyses de l'auteur sur sa description de la mécanique libérale et ses inéluctables conséquences dans un environnement où les entraves n'existeraient pas, il me reste des réserves qui m'empêchent de tout à fait le suivre dans son exaltation en creux du socialisme primitif tel qu'on pouvait le trouver au début du 19ème siècle ou sous la plume d'un Orwell ; ainsi, que le libéralisme débouche sur un système décevant de moindre mal ne me paraît pas de nature à le récuser totalement, car, comme il l'est rappelé abondamment dans le livre, c'est aussi ce système qui a permis de mettre un terme aux guerres de religion, sujet qui redevient à mon sens d'une brûlante actualité. En revanche, que le libéralisme ne doive pas être laissé à l'état pur, sans contrepoids, m'apparaît comme une évidence. Mais là , plutôt que le socialisme des débuts, on peut aussi recourir au conservatisme d'un Burke par exemple, ou encore imaginer un système incluant une dose de protectionnisme, ou de démocratie directe par voie de référendum sur les questions sociétales.Ces réserves mises à part, je ne peux que recommander la lecture de cet essai stimulant et un peu angoissant aussi : en effet, il a été écrit il y a plus de dix ans et les constats faits par l'auteur à l'époque sont encore plus d'actualité qu'alors, signe que le système est peut-être en train de gagner la partie contre le peuple, comme peut le laisser supposer la victoire d'Emmanuel Macron il y a quelques semaines...
Un livre qui m'a fait beaucoup réfléchir.La thèse est que libertaires (libéralisme "sociétal", donc plutôt à gauche) et libéraux ( libéralisme économique, donc plutôt à droite en Europe, sinon en France) sont deux faces d'une même médaille destructrice de la civilité.Extrêmement bien argumenté, bien documenté, intéressant. De plus on rit souvent (efficace portrait du bobo typique - on (se) reconnaît )On appréciera tout particulièrement la vue d'hélicoptère qui passe des textes fondateurs anciens ( Hume, Pascal, Marx, Smith ...) aux implications anecdotiques actuelles très éclairantes ( Pourquoi tant d'avocats dans les séries américaines ? Pourquoi le politiquement correct ? Pourquoi tant de déconstructeurs à Libération ? Pourquoi tant de dénonciations de la société patriarcale tandis que celle-ci est moribonde ? Pourquoi la droite ne revient elle jamais sur les lois 'societales' de la gauche ? Pourquoi la minorité à t elle remplacé la classe populaire dans les mythes de gauche ? )Trois limites à la pensée développée dans ce livre :1. Contrairement à René Girard qu'il admire, JCM n'accorde aucune place privilégiée au christianisme. On a donc l'impression que le libéralisme naît arbitrairement, sans contexte, qu'il aurait pu de developper sous Platon, en Chine ou dans l'Égypte ancienne... Girard était, de mes souvenirs, bien plus fin en montrant la spécificité chrétienne qui, dans un même mouvement, fait tomber les idoles anciennes et déchaîne des forces mimétiques que seul le marché canalise (pour l'instant)2. On sent l'auteur mal à l'aise avec un authentique conservatisme sociétal même s'il démontre tous les effets négatifs de la déconstruction. Pourquoi ne pas franchir le pas et dire explicitement qu'il faut conserver ? L'analogie du Jardiner dans "La haine du monde" de C. Delsol - sans doute d'un tout autre bord politique- pourraît être ici utile.3. Un peu franco-français dans ses références. On aimerait une perspective plus mondiale. En particulier reconnaître le succès de la globalisation pour tirer X centaines de millions de pauvres de la famine depuis 1978. Ces succès peuvent être relativisés, positionnés, mais sans doute pas simplement ignorés comme autant de "biens inutiles façon iPhone X"Bref un excellent livre. Chaudement recommandé. Lecture facile pour un essai. Pas de jargon.Merci Monsieur Michéa. On a l'impression d'être plus intelligent après vous avoir lu.
La société libérale dans laquelle nous vivons serait l'empire du moindre mal dont les deux mamelles seraient :le Marché et le Droit.Sa réflexion est fulgurante et cloue au pilori libéralisme économique et libéralisme politique ( en gros tout ce qui se trouve entre Macron et Cohn-Bendit ),d'un coté l'on dérégule l'économie et la tradition, de l'autre on régule la parole (le politiquement correct).MIchea est un optimiste qui croit à la possibilité d'une ile : la société "décente".Un vent de fraicheur en ces temps de morosité.PS : Me vient cette réflexion ; une société qui rembourse les préservatifs et peu ou prou les soins dentaires et d'optique, est une société qui va pourrir par la queue.
Le Livre de Jean-Claude Michéa : "L'empire du moindre mal" est un essai philosophique, sociologique et politique.Jean-Claude Michéa montre qu'il est, bel et bien, un auteur qui mérite le détour. Son parcours politique est intéressant.Son analyse, sa critique de la civilisation libérale se révèle, avec le temps, d'une incroyable pertinence. Il s'agit presque d'une prescience sur les abus qui nous attendent. Une société qui se lance dans une dynamique libérale (économiquement) devra forcément devenir libertaire sur le plan philosophique. Une société du moindre mal c'est un monde ou le droit constitue la forme et l'économie, le fond. Or au plus il y a de lois au plus nous tombons dans une société immorale, d'où le phénomène d'amplification enclenchée par l'éternelle recherche de profit, de création de besoins etc. Et donc les religions (particulièrement le christianisme et l'Islam), la philosophie platonicienne... sont en fait, les entités à abattre pour cette empire du moindre mal qui sera peut-être celui du moindre bien.
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